Friday, November 15, 2013

Un petit témoignage d'une mission d'aumônier de prison

Luc Schweitzer sscc
Hermano francés, de la comunidad de Meaux (Francia), desde hace varios años capellán de la prisión de Meaux.
French Brother, from the community of Meaux (France), since a few years ago chaplain of the prison of Meaux.
Frère français, de la communauté de Meaux (France), pendant plusieurs années aumônier de la prison de Meaux.


Mercredi 13 novembre 2013
   Dimanche matin, à la prison de Meaux, vers 11h30, revenant de la salle de culte, un surveillant me dit qu'on me réclame à l'unité "courtes peines". Je m'y rends et là on m'explique qu'un détenu est en pleine crise, qu'il va très mal, qu'il ne veut voir personne d'autre que l'aumônier, ni médecin, ni psychologue, ni surveillant, seulement l'aumônier.
   Je me fais ouvrir la cellule du détenu en question et, en effet, je trouve un gars prostré et qui, manifestement, est mal en point. Je me présente et il m'explique qu'il a l'intention de se suicider!
   
Il ajoute qu'il est en manque de drogue et qu'il n'en peux plus! Il se drogue depuis l'âge de 12 ans, il en a 45 aujourd'hui et il ne peut s'en passer. Il a une femme et un fils de 14 ans qui l'attendent, mais sa douleur est telle qu'il préfère mourir! Je lui demande quelle durée il lui reste à effectuer en détention. "15 jours", me répond-il. Cela paraît dérisoire mais, quand on est en manque de drogue, c'est une éternité!
   Que faire? Je suis resté un bon moment avec lui, essayant comme je le pouvais de lui redonner de l'espoir et le goût de vivre et de se battre, bien que ce soit difficile de parler à un homme en pleine crise. Puis il a bien fallu que je parte, non sans avoir au préalable expliqué le problème aux deux surveillants qui étaient là.
   Hier soir, de retour à la prison pour mes visites hebdomadaires, je me suis bien sûr renseigné à son sujet. On m'a répondu qu'il allait mieux et que, jusque là, il n'avait pas fait de tentative de suicide. Ouf! J'espère qu'il tiendra le coup jusqu'à ce qu'il soit libéré, dans quelques jours…



Wednesday, 13 November 2013
   Sunday morning in the prison of Meaux, at 11:30 on my return from the chapel, a supervisor told me that someone had called on me in the "short sentences" unit. I went to the unit and was explained that a prisoner was in crisis, that it was very bad, that he did not want to see anyone other than the chaplain, not a doctor, nor a psychologist, nor supervisor, only the chaplain.
   I opened the cell of the inmate in question and, indeed, I found a man prostrated on the floor and obviously was in very bad shape. I introduced myself and he explained to me that he intended to commit suicide! He added that he could not stand it without the drugs! He has been on drugs since the age of 12. He is now 45 and he cannot do without it.
   He has a wife and a 14 year old son who wait for his return, but the pain was such that he would rather die! I asked him how long he had yet to be in detention. "15 days," he replied. It sounds ridiculous but when you are in need of drug, this feels like eternity!
   
What to do? I spent a good time with him, trying the best I could to give him hope, the will to live and to fight, although it is difficult to talk to a man in crisis. Then it was time for me to leave, but not without first explaining the problem to the two guards who were there.
   Yesterday evening, I went back to the prison for my weekly visits, for sure I sought information about it. I was told that he was getting better and that until then he had not attempted suicide. Phew! I hope he will hold out until the time he will be released in a few days’ time...



Miércoles, 13 de noviembre 2013.
   Domingo por la mañana en la prisión de Meaux (Francia), a las 11:30, al regresar de la capilla un supervisor me dijo que me requerían en la unidad de "penas breves".
Me voy allí y me explican que un preso está en crisis, que está muy mal, que no quiere ver a nadie sino al capellán; ni a un médico, ni a un psicólogo, ni a un supervisor, sólo al capellán.
   
Abrí la celda del recluso en cuestión y, de hecho, me encontré con un hombre postrado y que, obviamente, estaba en muy mal estado. Me presenté y me explicó ¡que tiene la intención de suicidarse!
   Añadió que se trataba de la falta de droga y que no lo podía soportar. Se droga desde que tenía 12 años; ahora tiene 45 y no puede pasar sin ella. Tiene esposa y un hijo de 14 años que le esperan, ¡pero el dolor es tal que prefería morir! Le pregunté cuánto tiempo tenía todavía que cumplir para terminar su condena. " 15 días", me respondió.  Suena ridículo, pero cuando se está con necesidad de drogas, es una eternidad.
   ¿Qué hacer? Pasé un buen rato con él, tratando lo mejor que pude de darle esperanza y ganas de vivir y luchar, aunque es difícil hablar con un hombre en crisis. Después tenía que irme, pero no sin antes explicar el problema a los dos guardias que estaban allí.
   Ayer por la tarde, de vuelta a la cárcel para mis visitas semanales, por supuesto que me informé bien sobre su situación. Me dijeron que estaba mejorando y que hasta entonces no había intentado suicidarse. ¡¡Ouf!!  Espero que aguante el tirón hasta que lo liberen, dentro de unos días ...




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