par Hervé Kamba sscc (Afrique)
La mission du religieux des Sacrés Cœurs est de « contempler, vivre et annoncer l’amour de Dieu incarné en Jésus. » (Const. Art 2). Mais le fait d’être aimé par Dieu, n’est pas synonyme d’être exempté de toutes sortes de risques et souffrances. « On portera la main sur vous et l’on vous persécutera, nous dit Jésus ; on vous livrera aux synagogues, on vous jettera en prison, on vous fera comparaitre devant les rois et les gouverneurs, à cause de mon nom. » (Lc 21, 12). Jésus lui-même, l’exemple le plus éloquent, lui « le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, … engendré non pas créé, consubstantiel au Père » (Crédo de Nicée-Constantinople), n’a pas échappé à la règle. « Dieu n’a pas épargné son propre fils, mais il l’a livré pour nous tous. » (Rm 8, 32). Le Seigneur éprouve ceux qu’il aime, nous dit la lettre aux Hébreux. (He 12, 6) Lui qui n’a pas créé la souffrance, il peut permettre que nous en fassions l’expérience (Cf. Job), pas pour nuire à notre personne, mais pour que les œuvres de Dieu se manifestent en nous (Cf. Jn 9, 3). C’est par ces épreuves que le Fils de Dieu doit être glorifié. (Jn 11, 4) Le Bon Père, Sacerdos Christi, n’a pas raté l’expérience de la douleur ; il est passé par les moments d’épreuves et de contradictions. « Dieu les permit pour éprouver son serviteur et élever son ministère à la pure et complète beauté du sacrifice…
Ces contradictions seront le creuset où s’affinera sa vertu ; elles serviront à le maintenir dans l’humilité de la foi, dans cette absolue pureté de l’intention qui travaille exclusivement pour la plus grande gloire de Dieu. » (ibid). Il est devenu sujet d’attaque, de critique, de moquerie de la part de ceux (ses propres confrères prêtres malheureusement) qui voulaient enchainer son zèle sacerdotal, qu’il voulait vivre profondément, pleinement et librement. C’est dans la foi qu’il supporta tout cela, car disait-il au sortir du grenier : « Je me suis fait prêtre dans l’intention de souffrir tout, de me sacrifier pour le Bon Dieu et de mourir s’il le faut pour son service… » (Gabriel PHALIP, Contempler, vivre et annoncer l’amour de Dieu. La force de la dévotion au Sacré-Cœur chez les Picpuciens, Paris, Pierre TEQUI, 2017, p. 34).
« Aucun prophète n’est bien accueilli dans son pays. » (Lc 4, 24). L’on ne voit rien de mal dans ce que fait le Bon Père ; mais pour certains de ses confrères, le zèle sacerdotal du jeune abbé Marie-Joseph Coudrin cache des vices. Ils se moquent de sa simplicité évangélique, le traitent d’ignorant et d’entêté ; ils vont jusqu’à douter de l’intégrité de sa foi et de la régularité de sa conduite qu’ils taxent d’hypocrisie et de vanité. « Pour eux, c’est un insensé à ranger dans la catégorie des pauperes spiritu, ‘pauvres d’esprit’… C’est un homme qui veut se faire valoir et se grandir dans l’opinion. D’autres l’accusent encore de ‘témérité coupable’ et vont jusqu’à le nommer le ‘bourreau de ses confrères’. » (Stanislas PERRON, op.cit. p. 111).
Face à toutes ces accusations, l’Abbé Coudrin, avec beaucoup de peine et un cœur abattu, opta pour le silence, comme notre Seigneur. Car, « Si pour plaire à Dieu il faut déplaire aux créatures, soyons heureux de devenir insupportables à tout le monde. » (Maximes du T.R.P Coudrin n°20). L’abbé Coudrin préfère se taire ; il ne trouve pas important de répondre aux insensés selon leur folie, de peur qu’il ne leur ressemble (Cf. Pr 26, 4). « Il se souvient que notre Seigneur fut dénoncé par les princes des prêtres dans la synagogue, traité par eux de ‘séducteur, d’ami de la bonne chère, de perturbateur du repos public’. » Et, lui, comme disciple, il n’allait pas échapper à cela. D’ailleurs, nous dit Jésus : « heureux serez-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ! C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés. » (Mt 5, 11-12).
Ayant appris qu’on voulait l’accuser, pour qu’il lui soit interdit d’exercer son ministère, le Bon Père va adresser une lettre à M. de Bruneval, pour défendre son honneur sacerdotal, et réclamer une entière liberté dans l’exercice de son ministère ; parce que « si d’autres manquent de courage, est-ce une raison pour l’empêcher de faire quelque bien ? ». Cela lui sera accordé. « Plein d’estime pour notre apôtre, M. de Bruneval accueillit favorablement sa requête ; non seulement il le défendit contre d’injustes préventions, mais avec une simplicité qui honore en même temps la prudence de l’abbé Coudrin et la modestie de l’Administrateur, celui-ci le cite en exemple à l’appui de son sentiment personnel. »
Que la foi et le courage de notre vénérable fondateur, nous servent d’exemple et d’enseignement quand nous sommes dans les épreuves. Que l’on nous accuse gratuitement d’avoir fait ce que nous n’avons pas fait, mais que l’on ne nous empêche pas d’être librement, pleinement et profondément religieux et prêtre, au service des Sacrés Cœurs, de l’Eglise, et de l’humanité tout entière.
Las pruebas del Buen Padre
por Hervé Kamba sscc (África)
La vida de nuestro venerable Fundador es rica en acontecimientos, experiencias y enseñanzas. Este trío -acontecimientos, experiencias y enseñanzas- afecta tanto a su vida humana como a su vida espiritual. Se pueden escribir volúmenes y volúmenes, pero no se podrá agotar la grandeza de este gran hombre de Dios lleno de dones, carismas y gracias. "Sacerdote de Jesucristo (... ) y dispuesto a sacrificar su vida, amante de los santos misterios, predicador de la palabra de Dios, confesor, apóstol de los enfermos, compañero de los moribundos, exorcista, carismático, con el don de curaciones que pueden calificarse de milagrosas" (Stanislas PERRON, Vie du Très Révérend Père Marie-Joseph COUDRIN Fondateur et Premier Supérieur de la Congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie et de l'Adoration Perpétuelle du Très Saint Sacrement de l'Autel, Paris, Victor LECOFFRE, 1900, pp. 110-123); todo esto es nuestro fundador. Sin embargo, a pesar de esta superabundancia de gracias, fue en su carne y en su alma un hombre profundamente probado por el Señor. Estamos aquí en el período comprendido entre 1795 y 1796; es todavía la Revolución Francesa, cuyas huellas son muy visibles.
La misión de los religiosos de los Sagrados Corazones es "contemplar, vivir y anunciar el amor de Dios encarnado en Jesús" (Const. Art. 2). Pero el hecho de ser amados por Dios no es sinónimo de estar exentos de toda clase de riesgos y sufrimientos. "Os entregarán a las sinagogas, os meterán en la cárcel, os llevarán ante reyes y gobernadores por causa de mi nombre" (Lc 21,12). Jesús mismo, el ejemplo más elocuente, él "Hijo único de Dios, nacido del Padre antes de todos los tiempos, ... engendrado no creado, consustancial al Padre" (Credo Niceno-Constantinopolitano), no escapó a la regla. "Dios no perdonó ni a su propio hijo, sino que lo entregó por todos nosotros" (Rom 8,32). El Señor prueba a los que ama, nos dice la carta a los Hebreos (Hb 12,6). Él, que no creó el sufrimiento, puede permitir que lo experimentemos (cf. Job), no para hacernos daño, sino para que se manifiesten en nosotros las obras de Dios (cf. Jn 9,3). Es, a través de estas pruebas, como el Hijo de Dios debe ser glorificado (Jn 11,4). El Buen Padre, sacerdos Christi, no dejó de experimentar el dolor; pasó por momentos de pruebas y contradicciones. "Dios permitió que pusieran a prueba a su siervo y elevaran su ministerio a la belleza pura y completa del sacrificio... Estas contradicciones serán el crisol en el que se refinará su virtud; servirán para mantenerlo en la humildad de la fe, en esa pureza absoluta de intención que trabaja exclusivamente para la mayor gloria de Dios » (ibid). Se convirtió en objeto de ataques, críticas y burlas por parte de aquellos (desgraciadamente sus propios compañeros sacerdotes) que querían encadenar su celo sacerdotal, que él quería vivir profunda, plena y libremente.
Fue en la fe como soportó todo esto, pues dijo al salir del granero: "Me hice sacerdote con la intención de sufrirlo todo, de sacrificarme por el Buen Dios y de morir si era necesario por su servicio..." (Gabriel PHALIP, Contemplar, vivir y anunciar el amor de Dios. La fuerza de la devoción al Sagrado Corazón entre los picpucianos, París, Pierre TEQUI, 2017, p. 34).
"Ningún profeta es bien recibido en su patria" (Lc 4, 24). No hay nada malo en lo que hace el Buen Padre; pero para algunos de sus hermanos, el celo sacerdotal del joven sacerdote Marie-Joseph Coudrin esconde defectos. Se burlan de su sencillez evangélica, le llaman ignorante y testarudo; llegan a dudar de la integridad de su fe y de la regularidad de su conducta y le acusan de hipocresía y vanidad. "Para ellos, es un necio que pertenece a la categoría de los pauperes spiritu, 'pobres de espíritu'... Es un hombre que quiere quedar bien y aumentar su prestigio a los ojos del público. Otros le acusan de "temeridad culpable" y llegan a llamarle "verdugo de sus colegas" (Stanislas PERRON, op.cit. p. 111).
Ante todas estas acusaciones, el sacerdote Coudrin, con gran pena y el corazón destrozado, optó por el silencio, como nuestro Señor. En efecto, "si para agradar a Dios debemos desagradar a las criaturas, alegrémonos de volvernos insoportables para todos". (Máximas del R. P. Coudrin n°20). El sacerdote Coudrin prefiere callar; no le parece importante responder a los necios según su necedad, para no hacerse como ellos (cf. Pr 26, 4). "Recuerda que nuestro Señor fue denunciado por los príncipes de los sacerdotes en la sinagoga, llamado por ellos 'seductor, amigo de la buena mesa, perturbador del descanso público'. Y él, como discípulo, no se iba a librar de esto. Además, Jesús nos dice: "Dichosos vosotros si os insultan, os persiguen y dicen toda clase de mal contra vosotros falsamente por mi causa. Alegraos y regocijaos, porque vuestra recompensa será grande en el cielo. Así persiguieron a los profetas que os precedieron » (Mt 5,11-12).
Enterado de que querían acusarle para prohibirle ejercer su ministerio, el Buen Padre escribió una carta al Sr. de Bruneval para defender su honor sacerdotal y exigirle plena libertad en el ejercicio de su ministerio, porque si a otros les falta valor, ¿es eso motivo para impedirle hacer algún bien? Esto le será concedido. Lleno de estima por nuestro apóstol, M. de Bruneval acoge su petición; no solo le defiende contra los prejuicios injustos, sino que, con una sencillez que honra al mismo tiempo la prudencia del sacerdote Coudrin y la modestia del Administrador, éste le cita como ejemplo en apoyo de su sentimiento personal.
Que la fe y el valor de nuestro venerable fundador nos sirvan de ejemplo y de lección en nuestros momentos de prueba. Que se nos acuse gratuitamente de haber hecho lo que no hicimos, pero que no se nos impida ser libres, plena y profundamente religiosos y sacerdotes, al servicio de los Sagrados Corazones, de la Iglesia y de toda la humanidad.
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