Amour infecte

                                             Par Ben Kumongo sscc (R. D. Congo)

     Dans une conjoncture de crise sanitaire marquée par l’épreuve et la douleur, il se rend plus évident d’éclaircir notre conviction et compréhension de l’amour inconditionnel et infini Dieu manifesté dans le cœur de Jésus et de Marie ; dont nous faisons mémoire ce mois ici. Dans ce contexte, le non croyants et les néophytes en profitent pour nier l’efficacité et la profondeur de l’amour de Dieu. Les chrétiens le plus ordinaires, confinés non seulement dans son physique, mais dans ses émotions, ses sentiments et pour d’autres, me disait une maman :   « Père même les assiettes et les marmites sont confinées ». Car elles ne sortent plus de la cuisine du fait que nous ne cuisinons plus comme d’habitude car nous ne sortons plus pour aller nous débrouiller. Et comme cela ne suffisait pas, la maladie ne s’éloigne pas de la famille…

« Père, où est le Dieu d’amour vraiment! »                                                 

La grande problématique qui m’a inspiré cette méditation vienne de l’entretient ci haut mentionné avec cette pauvre maman qui voit même ses ustensiles de la cuisine confinées par la crise sanitaire et économique, la maison de son défunt époux lui être ravi par sa belle-famille. Par conséquent, elle n’a plus de résidence sûre. Au confinement et veuvage, s’ajoute la maladie des enfants. Toutes ces difficultés deviennent un obstacle majeur à la foi en l’amour de Dieu. Nous nous trouvons face à un paradoxe où le silence précède les mots. C’est la foi en l’amour de Dieu qui est infecté par une telle souffrance. Cette infection de l’amour divin nous rappelle l’expression : « On ne sait plus ce que signifie l’amour du Bon Dieu» (cfr. Article 4 de la constitution des Sacrés Cœurs).

Nous sommes conscients que cette infection touche beaucoup des fidèles du Christ dans ce contexte de Covid 19 à laquelle s’attachent la faim et la peur du lendemain. C’est dans ce sens que je nous propose l’amour infecté, qui se soigne par deux antidotes : « la prière et la paix de Jésus le ressuscité ».

I.      La Prière : Nous proposons la prière comme un moyen, un premier moyen pour rencontrer le Dieu d’exode 3,7 : « j’ai vu la souffrance de mon peuple … » Désormais, n’ignorons pas que Dieu est affecté par la souffrance de l’homme et qu’il s’identifie aux petits et aux opprimés. Aussi, j’ai compris que dans la vie, il y a des moments où il nous reste que la prière comme unique abri.  Dans ce contexte nous proposons une triple considération de la prière bain et traitement spirituel qui est :

Ø Primo.  Lieu de la transformation : comme bain spirituel, la prière est le lieu où les dures épreuves sont vécues et partagées avec celui qui transforme nos larmes en cri de joie (Psaumes : 30, 12). Il est important de se convaincre que notre Dieu voit notre misère et à cet instant il s’arrange avec un Moise comme dans le buisson ardent pour notre libération.

Ø Secundo. Lieu des vainqueurs : il convient de noter que l’amour divin se découvre mieux dans une prière faite avec conviction que Dieu nous conduit dans des lieux qui nous sont favorables à cause de son nom. Même si nous marchons dans une situation proche de la mort, sa houlette et son bâton doit nous mettre en sécurité (Psaumes 23). C’est le lieu où nous puisons la force pour affronter les difficultés comme le Christ lui-même en a fait l’expérience (Mt 26,36-39).

Ø Tertio. Lieu de Libération : il est important que notre souffrance soit connue par l’Eglise et vécue dans l’église. C’est-à-dire dans notre communauté de foi. Car Pierre était en prison ; et l’Eglise ne cessait de prier pour lui. Suite à l’intercession de sa communauté, voici un ange du Seigneur qui alla à sa libération (Actes 12, 5-12). C’est ensemble qu’on doit prier et lutter pour notre libération et non pas s’emporter par des convictions qui nous éloignent de Dieu et de la communauté. Car en effet, la prière est un mystère qui peut mettre Dieu et ses anges en mouvement vers nous. Il ne s’agit pas d’être charismatique ou ordinaire, mais s’ouvrir à l’amour de Dieu qui voit, qui écoute et vient sauver son peuple.

II.              La Paix de Jésus Christ (Jn 14,27) : Le second antidote que nous proposons pour guérir l’amour de Dieu remis en question par l’expérience d’une souffrance profonde, c’est la paix, la paix du Christ.  Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix… Un regard profond  nous révèle que ce geste du Christ est un signe manifeste d’amour. Car connaissant notre réalité, le Christ prend ce qu’il avait, sa paix, il nous la donne de façon spéciale. Sans attention, on ne peut pas poser un geste pareil. Il choisit de nous laisser une stabilité, une sérénité profonde caractérisée par l’absence de troubles et d’agitation.

En effet, Cette paix n’a pas sa source dans les biens matériels mais en Dieu lui-même. Elle est une grâce pour ceux qui sont attachés en Christ mais  incompréhensible par les étrangers. C’est fut le cas Pierre en prison (Act 12,6) et de Schadrac, Méschac et Abed Nego dans la fournaise (Dan 3, 15…).

Elle a pour base, la connaissance de Dieu et du vrai sens de son amour. La connaissance que nous  avons de Dieu influence fortement notre comportement face aux adversités. Etes-vous conscient de ce qu’est l’amour de Dieu ? Comment fonctionne-t-il ? De quoi est-il capable ? Ce Dieu a sauvé de la prison, de la maladie, de la famine, etc. Quel que soit ce que l’on traverse comme situation, rendez-vous compte dans l’histoire des hommes, il est intervenu pour transformer la pierre en fontaine (Ps 114,8). La connaissance de ce Dieu nous révèle l’inutilité de l’inquiétude, du trouble intérieur et des questionnements qui aboutissent au vide de Dieu. 

En définitive, soyons conscient que les relations entre Dieu et l’homme peut connaitre des crises. C’est ce que nous avons nommé infection. D’où la nécessité de demeurer dans son amour (Jn 15,9) par le moyen de la consultation fréquente de l’Esprit de vérité. C’est par le Saint Esprit que nous prions, et nous puisons la paix de Dieu. C’est encore par lui que nous connaissons Dieu car lui, l’Esprit nous fait comprendre toute chose (Jn 14, 17). Par l’esprit nous demeurons dans l’amour car notre action et nos pensées seront orientées par lui et dans  toutes les situations de notre vie nous trouveront dans cet amour qui nous rassure que Dieu ne laisse pas son amant souffrir. Aimez Dieu. Qui aime Dieu ne le soupçonne pas d’être auteur de notre malheur  mais fait équipe avec lui pour vaincre cette souffrance.