UNE STATUE ETONNANTE
Edouard BRION ss.cc.
Français, Español, English
Qui visite la Galerie Nationale des Statues au Capitole de
Washington verra soudain, au milieu des œuvres de marbre blanc, se dresser
devant lui
une
carrure trapue en bronze: le Père Damien.
Il s'y trouve depuis 1969 pour représenter les Hawaii, admises comme cinquantième
Etat de l'Union. La
statue
est l'œuvre de Marisol Escobar. Née de parents vénézuéliens à Paris en 1930,
elle réside actuellement à New York. Son œuvre fut exposée dans divers musées et
galeries, notamment au musée Rodin à Paris, à la Tate Gallery à Londres,
à la Biennale de Venise, au Art Institute de
Chicago, à New York au musée d'Art Moderne, au musée Guggenheim et
à la Sidney
Janis Gallery, et, tout récemment, à l'Expo '92 de Séville.
Voici en quels termes Gavan Daws, un biographe de Damien, montre comment cette statue émerge des mains de l'artiste:
"Travaillant à partir des photos prises
de lui à Kalawao en 1889, elle sculpta un visage massif et boursouflé, aux traits ravagés. Elle y appliqua fidèlement les
vieilles lunettes métalliques et le
chapeau noir avec ses bosses et ses ficelles. La main qui serrait
la solide canne était atteinte par la lèpre, cela
sautait aux yeux. Les pieds malades se
cachaient dans de grosses bottines d'ouvrier.
Et le corps épais et trapu était drapé dans un manteau
de bronze, tirant sur le noir et avec une apparence de
solidité implacable, suivant la courbe des épaules
et tombant droit jusqu'aux pieds, de sorte
que Damien semblait
s'être mis debout,
plein de vigueur, d'une vie inextinguible, dans une cape qui était devenue un linceul et qui avait fini par devenir un cercueil. Somme toute, c'étaient là
les caractéristiques de toujours qui correspondaient à l'homme lui-même."
(Nous autres
lépreux, Nouvelle Cité, 1984, p. 228,
traduction revue par nous).
Aux critiques qui auraient préféré un Damien dans une pose héroïque ou dans
la fleur
de
l’âge, le
visage
non
encore
déformé par la terrible maladie,
Marisol répondait: "J'ai
reçu un certain
nombre de photos du Père Damien... J'ai sélectionné celle où il apparait comme un homme mur. A mes yeux, cette image est
belle et elle me touche profondément. Elle montre une force de caractère et la personnalité de quelqu'un qui a
réalisé son projet. Il me donne l'impression
d'un homme
qui s'est découvert lui-même à Hawaii
et qui est devenu lui-même hawaiien... Je ne vois rien de négatif dans la vieillesse. Au contraire, je trouve cela prenant, beau, et cela
m'inspire du respect.
En
Damien, je
sens
le mystère d'un changement
corporel,
comme s'il était devenu ce qu'il avait désiré être".
Bruxelles, le 25 aout 1993
UNA
ESTATUA SORPRENDENTE
Quien visita la Galería Nacional de Estatuas en el Capitolio en Washington
de repente verá que, en medio de obras de mármol blanco, se levanta ante él un
ancho bronce macizo: el Padre Damián.
Ha estado allí desde 1969 representando a
Hawái, admitido como quincuagésimo estado de la Unión. La estatua es obra de Marisol Escobar. Nacida en París en
1930, de padres venezolanos, reside actualmente en Nueva York. Su obra ha sido
expuesta en varias galerías y museos, como el Museo Rodin de París, la Tate
Gallery de Londres, la Bienal de Venecia, el Instituto de Arte de Chicago, en
el Museo de Arte Moderno de Nueva York, en el Museo Guggenheim y en la Sidney
Janis Gallery, y más recientemente en la Expo ‘92 de Sevilla.
Gavan
Daws, un biógrafo de Damián, expone de este modo cómo
esta estatua surge de las manos del artista: "Trabajando a partir de
fotografías tomadas de él en Kalawao en 1889, talló una masiva cara hinchada, con
rasgos devastados. Le añadió fielmente las viejas gafas de metal y el sombrero
negro, con sus golpes y sus cordeles. La mano que aprieta el sólido bastón
está afectada por la lepra, salta a los
ojos. Los pies enfermos están cubiertos por gruesas botas de trabajo. Y el cuerpo
grueso y macizo se cubre con una capa de bronce, negruzca y con una apariencia
de solidez implacable, siguiendo la curva de los hombros y cayendo justo hasta
los pies, de modo que pareciera que Damián está en pie, lleno de vigor, con una
vida inextinguible, dentro de una capa que se había convertido en un sudario y
que con el tiempo se convirtió en un ataúd. Después de todo, estas son las características
de siempre que corresponden al hombre mismo". (Nosotros los leprosos,
Ciudad Nueva, 1984, p. 228 traducción revisada por nosotros).
A los críticos que hubieran preferido un Damián
en una pose heroica, o en la flor de la vida, con el rostro aún no
distorsionado por la terrible enfermedad, Marisol les respondió: "He
recibido una serie de fotografías del Padre Damián ... he seleccionado una en
la que él aparece como un hombre maduro. Para mí, esta imagen es hermosa y me
toca profundamente. Muestra una fuerza de carácter y la personalidad de alguien
que ha realizado su proyecto. Me la da impresión de un hombre que se ha descubierto
a sí mismo en Hawái y se ha hecho el mismo hawaiano ... No veo nada negativo en
la vejez. Al contrario, la encuentro conmovedora, hermosa, y me inspira
respeto. En Damián siento el misterio de un cambio corporal, como si hubiera
llegado a ser lo que quería ser ".
Bruselas, 25 de agosto 1993
Leis over Damién´s shoulders, Honolulu May 10th 2006 |
A SURPRISING STATUE
Those who visit the National Gallery of Statues in the Capitol
in Washington suddenly see that, amid works of white marble, stands
before him wide solid bronze: Father Damien.
It has been there since 1969 representing Hawaii, admitted as a fiftieth
state of the Union. The statue is the work of Marisol Escobar. Born in Paris in
1930, of Venezuelan parents, currently residing in New York. His work has been
exhibited in various galleries and museums, including the Rodin Museum in
Paris, the Tate Gallery in London, the Venice Biennale, the Art Institute of
Chicago, the Museum of Modern Art in New York, the Guggenheim Museum, the
Sidney Janis Gallery, and most recently at the Seville Expo '92.
Damien´s statue at Hawaii State Capitol, Honolulu |
Gavan Daws, a biographer of Damien, thus explains
how this statue comes from the artist's hands. "Working from photographs
taken of him at Kalawao in 1889, she carved a massive swollen face, with disfigured
features. Faithfully, she added the old metal glasses and black hat with its
punches and strings. The hand gripping the solid rod is affected by leprosy;
that can be clearly seen! The sick feet are covered by thick working boots, and
the thick and massif body is covered with a layer of bronze, blackish and with
a look of resolute strength, following the curve of the shoulders and fell
right to the feet, so it seems that Damian is on his feet, full of vigor, with
an unquenchable life within a cape that had become a shroud and that eventually
became a coffin. After all, these are the usual features that correspond to the
man himself. "(We lepers, Ciudad Nueva, 1984, p. 228 reviewed by our
translation).
To the critics who would have preferred a Damien in a heroic pose, or in
the prime of life with his face not distorted by the terrible disease, Marisol
replied: "I received series of photographs of Father Damien... I selected
one in which he appears as a mature man. To me, this image is beautiful and
touches me deeply. It shows a strength of character and the personality of
someone who has done his project. It gives me the impression of a man who has
found himself in Hawaii and has become Hawaiian himself... I do not see
anything negative in old age. Instead, I found it moving, beautiful, and
inspires my respect. In Damian I feel the mystery of a body change, as if it
had become what he wanted to be. "
Brussels, 25 August 1993
Marisol Escobar |
Marisol |
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