Témoigner de la vie religieuse en paroisse…
Testimoniar la vida religiosa en la parroquia...
Witnessing to Religious Life in a parish ….
Bertrand Cherrier sscc
Vivre sa vie
religieuse en mission dans une paroisse ne va pas de soi. Il est souvent dit
que le religieux est au service d’une paroisse mais que l’inverse n’est pas
forcément vrai… Comme j’ai pu l’entendre de la part de certains confrères, en
devenant curé, nous devenons parfois des diocésains ! Ainsi, en arrivant à Paris pour assumer le
service de curé à la paroisse Saint Gabriel et de supérieur de la communauté,
je me suis posé cette question : Comment
témoigner dans la paroisse de ma vie religieuse ? C’est à cette simple
interrogation que je vous propose de répondre brièvement.
Trois priorités guident mon engagement de
religieux au service de la
paroisse :
-
1) Une prière contemplative.
La vie d’un
religieux est d’abord une vie de prière. Impossible de progresser autrement. J’ai
toujours été convaincu que notre prière était celle du regard, celle du
« voir » (« il vit et il
crut » Jn 20,8). Regard que nous portons sur l’Écriture, mais aussi
regard que nous portons sur la Croix et les visages des femmes et des hommes de
ce temps. La prière contemplative engendre une manière particulière de voir le
monde et nous éduque à avoir un regard plus juste, sincère,
miséricordieux : le regard du Christ. C’est une éducation à voir au delà
du visible. Dans cette manière de prier, tout commence par la contemplation de
la croix : « ils regarderont
celui qu’ils ont transpercé » (Jn 19,37). Ce simple regard ne sera pas sans effet sur notre manière de regarder… et
d’être regardé. Le Christ nous l’a dit : « la lampe du corps, c’est l’œil. Si donc ton œil est sain, ton
corps tout entier sera dans la lumière » (Matt.6,22). Regarder le
Christ va purifier mon regard.
Cette école de
prière doit se transmettre en paroisse. En équipe, nous devons mettre en place
une pédagogie de la prière contemplative,
(notamment l’adoration) transmettre
ce désir de « voir Dieu » et
encourager les jeunes à se risquer dans cette aventure.
-
2) Une pastorale de la
« solidarité ».
Jésus s’est fait
solidaire des hommes. Non seulement, il a vécu avec nous, mais également pour
nous. Sa solidarité ne s’est pas arrêtée à trois ans de vie sociale au travers
d’un comportement moral exemplaire et d’un enseignement de sagesse. Jésus sera « crucifié pour nous sous Ponce
Pilate ». Il va témoigner d’une
solidarité capable d’aller jusqu’au don de sa vie. Sa solidarité
« du vivre avec » (vie publique) va aboutir à une solidarité
« du vivre pour », « du vivre à la place » (la Crucifixion). Nous n’aimons pas le mot « sacrifice » mais c’est pourtant bien celui auquel nous
pouvons penser devant une telle situation. Heureusement, la théologie
chrétienne nous propose un synonyme plus approprié : « le don ». Jésus a donné sa vie. Notre pastorale se doit
d’en être le témoignage… Solidaire, jusqu’à l’excès. Damien nous a montré le chemin.
St. Gabriel: accueile de personnes de la rue / homeless people / acogida de gente de la calle |
En
conséquence, l’engagement paroissial ne pourra se contenter d’une pastorale de
l’accueil, de la présence dans un bureau, de l’administration des sacrements,
d’homélies et de la représentation à de bons repas ! Elle se risquera dans
des solidarités qui prendront la mesure
de ce qu’est la compassion, l’hospitalité, le service et la volonté de
« réparer » les fautes, même celles des autres.
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3) Une communauté religieuse internationale.
C’est une chance de
pouvoir vivre un service paroissial en communauté. Lorsque
trois à cinq frères se retrouvent ensemble pour un projet de paroisse, ils
donnent un témoignage qui n’a pas de prix. La communauté religieuse en charge
d’une paroisse doit vivre ce qu’elle enseigne et donner en premier lieu un témoignage de charité. Notre fraternité
doit être contagieuse. Comme le dit Saint Jean : « A ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à
l’amour que vous aurez les uns pour les autres. » (Jn 13,35). Si
l’entreprise est trop difficile, nous devons au moins faire ce que dit Saint
Paul : « avec patience,
supportez vous les uns les autres dans l’amour. » (Ep4,2). L’idéal serait de le faire grâce à l’internationalité de notre vie
religieuse. Comme curé, je suis heureux d’avoir accueilli en communauté
plusieurs frères d’autres provinces (Polynésie, Chili, Belgique, Congo).
L’action pastorale n’en est que plus féconde. Avons-nous conscience de cette
richesse qui est la notre ? Savons-nous la valoriser et la partager ?
Confirmation à St. Gabriel |
A quand une
communauté internationale en charge d’une paroisse dans une mégapole ? Il y a là un enjeu prophétique que nous
négligeons quelques peu. A l’heure de la mondialisation,
ce type de mission serait porteur de fruits pour la vie religieuse, la vie
paroissiale et la pastorale des
vocations.
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Au terme de ces brefs
commentaires, sans faire de grands développements, il est déjà possible de confirmer
que l’engagement dans une vie
paroissiale est compatible avec notre vie religieuse. Il suffit de puiser dans notre tradition religieuse et d’avoir la volonté de
partager notre charisme. Dans l’avenir, il serait intéressant de poursuivre
le débat car notre présence dans les paroisses est relativement importante. Nos
objectifs sont-ils communs? Notre charisme est-il mis en valeur ?
Pouvons-nous envisager des parrainages entre paroisses sscc ? Un débat qui
mériterait d’être ouvert... et développé !
Witnessing to Religious Life in a parish ….
To live the religious
life in a parish is not something self-evident.
It is often said that the religious is at the service of a parish but
the reverse is not necessary true. This
is what I have heard from some brothers: that in being made pastors we become
diocesan priests! So, after arriving in
Paris to take on the service of being pastor in the parish of Saint Gabriel and
also the service of Superior of the community, I asked myself this
question: How can I give witness to my
religious life in the parish? This is
the simple question that I propose to briefly reflect on.
Three priorities guide my religious
commitment in service of the parish:
1)
Contemplative prayer
The life of a Religious is before
anything else a life of prayer.
Otherwise, it is impossible to make any progress. I have always believed that our prayer is
that of ‘seeing’ and ‘believing (‘He saw and he believed’ Jn 20:8). A seeing which leads us to Scripture and at
the same time leads us to the cross and to the faces of the men and women of
our time. Contemplative prayer creates
in us a special way of looking at the world and helps us to have a more
accurate, sincere and merciful vision: to see as Christ sees. It helps us to see more than what is
visible. In this form of prayer, it all
begins with the contemplation of the cross: "They shall look on him whom
they have pierced" (Jn 19:37). This simple look is bound to have an
effect on the way we see … and are
seen. Christ told us: "The light of
the body is the eye: if your eye is sound, your whole body will be full of
light." (Mt 6,22). Looking at Christ purifies our own gaze.
This school of prayer should take
place in the parish. As as a parish we
could initiate people in contemplative prayer (especially adoration), and find ways to promote this desire to ‘see’
God and encourage young people to join the adventure.
2) A pastoral of ‘solidarity’
Jesus placed himself in
solidarity with people. He not only
lived with us, he also lived for us. His
solidarity was not limited to three years of social living, living an exemplary
moral life and teaching wisdom. Jesus
was “crucified for us under Pontius Pilate”.
He witnessed to a solidarity to the point of giving up his life. His solidarity of ‘living with’ (the public
life) went on to become that of ‘living for’ and culminated with ‘living in
place of’ (the crucifixion). We may seem
not to like the word “sacrifice”,
but this is the word that may help us understand a situation of this kind. Fortunately, Christian theology offers us a
more appropriate synonym: “the gift”. Jesus gave his life. Our pastoral work should
witness to this ... a solidarity that knows no limits. Damien shows us the way.
Consequently, the
commitment of the parish will be more than a ministry of welcome, the parish
office, the administration of the sacraments, homilies and good food. The commitment will be one that risks a
solidarity of compassion, hospitality, service and a willingness to ‘repair’
faults, including the faults of others.
3) An international religious community.
It is an opportunity to
be able to be of service to the parish in a community. When three, four or five brothers come
together for a parish project, they give a witness that is priceless. The religious community in charge of a parish
should live what it teaches and in the first place give witness to
charity. Our fraternity ought to be
contagious. In the words of St. John:
"By this all will know that you are my disciples, if you have love for one
another" (Jn 13:35). If the work is too difficult we should at
least do what St. Paul says, " Be completely humble and gentle; be patient,
bearing with one another in love.with great humility, meekness
and patience, bearing with one another in love" (Eph 4,2). The ideal would be to form a
community thanks to the internationality of our religious life. As a pastor, I
have had the pleasure of welcoming to the community several brothers from other
provinces (Polynesia, Chile, Belgium, Congo). As an international community the
pastoral work is more fruitful. Are we
conscious of the richness that we have?
Do we value it and share it?
When will there be an
international community in charge of a parish in a large city? There is here a
prophetic challenge that perhaps we are ignoring a little. In this era of globalisation, this type of
mission could bear fruit to the
religious life, to parish life and to vocations.
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Coming to the end of this
short commentary – and without wanting to make a big statement - it is possible
to say that the commitment to parish life is compatible with our religious
life. We only need to drink of our
religious tradition and have the desire to share our charism. In the future it will be interesting to
continue this debate given that our presence in parishes is relatively
large. Are our objectives commonly held? Is our charism highlighted in the
parishes? Can we imagine partnerships
among SSCC parishes? This is a debate
that it is worthwhile leaving open for it to develop!
Testimoniar la vida religiosa en la parroquia...
Vivir la vida religiosa en una parroquia no es obvio. A
menudo se dice que el religioso está al servicio de una parroquia pero que lo
contrario no es necesariamente cierto... Es lo que he podido escuchar de algunos
hermanos: ¡al hacernos párrocos, a veces nos hacemos curas diocesanos! Por lo
tanto, al llegar a París para asumir el servicio de párroco en la parroquia de San
Gabriel y ser superior de la comunidad, me hice esta pregunta: ¿Cómo testimoniar
en la parroquia mi vida religiosa? Esa es la simple pregunta a la que me
propongo responder brevemente.
Tres prioridades guían mi compromiso
religioso al servicio de la parroquia:
1) Una oración contemplativa.
La vida de un religioso es ante todo una vida de oración.
Imposible avanzar de otra manera. Siempre he creído que nuestra oración era la
de la mirada, la del "ver" ("vio
y creyó" Jn 20,8). Mirada que nos lleva a la Escritura, pero también mirada
que nos lleva a la cruz y a los rostros de los hombres y mujeres de este
tiempo. La oración contemplativa crea una forma especial de ver el mundo y nos
educa para tener una visión más precisa, sincera y misericordiosa: la mirada de
Cristo. Es una educación para ver más allá de lo visible. En este modo de orar,
todo comienza con la contemplación de la cruz: "Mirarán al que traspasaron" (Jn 19,37). Esta simple
mirada no dejará de tener efecto en nuestra forma de ver... y de ser vistos. Cristo
nos dijo: "La lámpara del cuerpo es
el ojo. Si tu ojo está sano, todo tu cuerpo estará lleno de luz" (Mt 6,22).
Mirar al Cristo purificará nuestra mirada.
Esta escuela de oración debe impartirse en la parroquia. Como
equipo, debemos poner en marcha una pedagogía
de la oración contemplativa (especialmente de la adoración), transmitir
este deseo de "ver a Dios" y animar a los jóvenes a adentrarse en
esta aventura.
2) Una pastoral de la
"solidaridad".
Jesús se hizo solidario con los hombres. No solamente vivió con
nosotros, sino también para nosotros. Su solidaridad no se limita a tres años
de vida social, con una conducta moral ejemplar y una enseñanza de sabiduría.
Jesús será "crucificado por nosotros
bajo Poncio Pilato". Testimonia una solidaridad capaz de ir hasta la
entrega de su vida. Su solidaridad "de vivir con” (la vida pública) dará
lugar a la solidaridad "de vivir para”, "de vivir en lugar de” (la
crucifixión). No nos gusta la palabra "sacrificio",
pero es con la que bien podemos pensar en una situación de este tipo.
Afortunadamente, la teología cristiana nos ofrece un sinónimo más apropiado: "el don". Jesús dio su vida. Nuestra
pastoral debe ser testimonio de esto... Solidaridad, hasta el exceso. Damián
nos mostró el camino.
En consecuencia, el compromiso de la parroquia no se podrá
contentar con una pastoral de acogida, de presencia en un despacho, de
administración de sacramentos, de homilías, ¡y de hacerse presente en buenas
comidas! Será una pastoral que corra el riesgo de una solidaridad que toma la
medida de lo que es la compasión, la hospitalidad, el servicio y la voluntad de
“reparar” los errores, incluso los de los demás.
3) Una comunidad religiosa
internacional.
Es una oportunidad de poder vivir un servicio a la parroquia
en comunidad. Cuando tres, cuatro o cinco hermanos se reúnen para un proyecto
parroquial dan un testimonio que no
tiene precio. La comunidad religiosa a cargo de una parroquia debe vivir lo
que enseña y dar en primer lugar testimonio de caridad. Nuestra fraternidad
debe ser contagiosa. En palabras de san Juan:
"En esto todos reconocerán que ustedes son mis discípulos: en el amor que
se tengan los unos a los otros” (Jn 13,35). Si la empresa es demasiado
difícil, por lo menos debemos hacer lo que san Pablo dice: “con mucha humildad, mansedumbre y paciencia, sopórtense mutuamente por
amor” (Ef 4,2). Lo ideal sería hacerla gracias a la internacionalidad de
nuestra vida religiosa. Como párroco, he tenido la satisfacción de haber
acogido en la comunidad a varios hermanos de otras provincias (Polinesia,
Chile, Bélgica, Congo). Con ello la
acción pastoral es más fructífera. ¿Somos
conscientes de esta riqueza que tenemos? ¿Sabemos valorarla y compartirla?
¿Para cuándo una comunidad internacional a cargo de una
parroquia en una megápolis? Está en juego un desafío profético que ignoramos un
tanto. En la época de la mundialización, este tipo de misión daría frutos a la
vida religiosa, a la vida parroquial y a la pastoral vocacional.
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Al término de estos breves comentarios, sin hacer grandes desarrollos,
ya es posible afirmar que el compromiso
en una vida parroquial es compatible con nuestra vida religiosa. Sólo hay
que beber de nuestra tradición religiosa
y tener el deseo de compartir nuestro
carisma. En el futuro sería interesante continuar el debate, ya que nuestra
presencia en parroquias es relativamente grande. ¿Nuestros objetivos son comunes?
¿Se pone de relieve nuestro carisma? ¿Podemos imaginar considerar padrinazgos entre
parroquias SSCC? ¡Un debate que merece la pena que quede se abra… ¡y que se desarrolle!
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