Par Maxime Menga sscc (R. D. Congo)
Ph 2, 9-11 : « … C’est pour quoi Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue confesse, à la gloire de Dieu le Père, que Jésus-Christ est Seigneur ».
L’EUCHARISTIE EST LA NOURRITURE DE LA VIE
Jésus que nous recevons dans l’Eucharistie est un Dieu, il est plus Grand, élevé au-dessus de tout, devant Lui tout genou doit fléchir et toute langue doit confesser sa Grandeur qu’il est le Seigneur (le Roi de l’univers). Pourtant c’est un Dieu qui cache sa grandeur en s’emprisonnant dans les espèces « du pain et du vin » : Il se fait nourriture, pour nourrir sa vie en nous, nous transfigurer et donner à notre vie une beauté et un éclat. C’est en recevant « ce corps rompu et donné » que nos yeux s’ouvrent comme les disciples d’Emmaüs pour reconnaitre la Gloire et la Grandeur de Dieu et à cet instant toute notre vie brûle de sa présence (Lc 24, 31), et nous sommes élevés, nous aussi, dans sa grandeur : dans le concert des anges pour le louer et l’adorer. Cependant, si nous avons en nous la vie, c’est puisque Dieu nous fait vivre (Dt 32, 39), or, L’Eucharistie est le « pain de la vie », qui donne la vie au monde, il est donc la présence réelle et visible de Dieu : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif » (Jn 6, 35) ; « Je suis le pain vivant qui est descendu du Ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour le salut du monde » (Jn 6, 51) ; « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas la vie en vous » (Jn 6, 52). J’aime donc appeler L’Eucharistie « LA NOURRITURE DE LA VIE », la nourriture des vivants, de ceux qui vivent en Dieu et qui veulent le recevoir chaque jour dans leur vie. L’eucharistie est donc la VIE DU MONDE : car nous recevons celui qui est la VIE (Jn 11, 25 ; 14, 6) et qui vient nous donner la Vie (Jn 10, 10-11). Au détriment des autres nourritures qui se perdent (Cf. Jn 6, 27), l’eucharistie est la nourriture qui demeure éternelle, incorruptible en nous : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi je demeure en lui… » (Jn 6, 56-57). Et celui qui croit en JESUS-EUCHARISTIE a la vie éternelle et ne mourra pas (Jn 3, 36 ; 6, 47.50.58), car il s’unit à celui qui est la VIE et porte en lui désormais ce qui est VIE, donc la « VIE MEME DE DIEU ».
L’EUCHARISTIE EST LA NOURRITURE QUI CONTIENT LES PROPRIETES DE DIEU
L’Eucharistie produit en nous ce que nous recevons. Qu’est-ce que nous recevons ? : Nous recevons La sainteté de Dieu, l’amour de Dieu et le Pardon de Dieu.
1. La sainteté
C’est un corps Saint que nous recevons dans l’Eucharistie : voilà pourquoi ce sacrement est appelé SAINT SACREMENT. Notre Dieu est un Dieu Saint, qui nous invite à devenir SAINT comme Lui (Lv 11, 44-45 ; 19, 2 ; 1 P 1, 16), une nation Sainte, un peuple de Dieu, la race élue, le sacerdoce royal (1 P 2, 9). S’unir à Dieu dans l’Eucharistie est synonyme d’accepter de devenir Saint pour Lui (Lv 20, 26). Un Dieu Saint, ne peut pas habiter dans un corps impur : Voilà pourquoi l’Eglise nous demande toujours de nous préparer avant de recevoir le SAINT SACREMENT c’est-à-dire de vivre une pénitence et une réconciliation (avec nous-mêmes, avec les autres et avec Dieu). Car ce que nous recevons est plus Grand. Et dans l’admiration devant L’Eucharistie nous pouvons revêtir le sentiment des enfants d’Israël qui chantèrent ce cantique : « Qui est comme toi parmi les dieux, Seigneur ? Qui est comme toi, brillant de Sainteté, digne de louanges ? Ta grandeur est terrible et tes actions extraordinaires » (Ex 15, 11).
2. L’amour
Si Dieu est amour et se définit comme amour (1 Jn 4, 8), il nous a montré son amour en nous donnant son propre fils (Jn 3, 16). Et ce dernier nous a montré la plus grande preuve d’amour de Dieu pour nous les hommes en devenant « Eucharistie » pour nous (pain rompu, livré pour nous, pour notre guérison et salut). Car : « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13). Il s’est offert, il a donné sa propre vie, ce qu’il a de précieux, pour nous, pour notre bien. Et comme nous le dit Saint Jean : « il a toujours aimé ses amis qui sont dans le monde, et il les aima jusqu’à la fin » (Jn 13, 1). L’Eucharistie est donc LE SIGNE DE L’AMOUR DE DIEU POUR LE MONDE. Au plus profond d'elle-même, l’eucharistie est la réalité du Christ qui nous a aimés d'un amour fou et qui continue à aimer chacun de nous d'un amour vrai et particulier. Oui, l’amour a fait le premier pas, l’amour a pris chair de notre chair, l’amour est devenu nourriture, pour nous redonner une autre chance de s’unir à Dieu. Ainsi si l’amour vient de Dieu : le sacrement de l’Eucharistie, que nous recevons, nous REMPLIT D’AMOUR DEBORDANT DE DIEU et nous invite nous-aussi à laisser déborder en nous cet amour, à AIMER : « à nous aimer les uns les autres, car l’amour vient de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connait Dieu » (1 Jn 4, 7). L’Eucharistie nous apprend donc l'amour total de Dieu et du Prochain.
3. La miséricorde
Dans chaque messe, avant de recevoir la Sainte Eucharistie, après la prière « d’Agnus Dei », le Prêtre nous montre « l’hostie consacré » par ces paroles : « Voici l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde », et nous répondons : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir mais dit seulement une parole et je serais guéri ». Oui notre Dieu est un Dieu miséricordieux, lent à la colère et riche en bonté (Ps 103, 8 ; Ex 34, 6). « il n’est qu’amour et miséricorde », disait Ste Thérèse de l’Enfant Jésus. La miséricorde est l’être intime de Dieu, son cœur de Père, sa bienveillance envers nous. Elle est révélatrice du soin dont le Père entoure ses enfants : son cœur s’ouvre devant notre misère : il prend pitié de nous (miserere nobis), nous pardonne et nous guérit. Face à nos difficultés à aimer et à pardonner, Il vient lui-même combler nos manques et restaurer notre humanité malade, pécheresse et perdue. L’EUCHARISTIE EST DONC LA SOLUTION A LA MISERE DE L’HOMME ET DU MONDE. C’est le mystère d’un cœur rendu misérable par la misère de l’homme, nous dit Saint Thomas d’Aquin. De ce fait, l’Eucharistie, est le symbole d’un Dieu saisi aux entrailles par ma détresse, il vient à ma rencontre, à mon secours, il s’offre, pour me délivrer et me guérir. En prenant part à ce repas eucharistique, nous recevons donc le RECONFORT DE DIEU, SA SOLLICITUDE (son attention soutenue et affectueuse) A NOTRE MISERE. En communiant à ce « pain du ciel », nous sommes, nous aussi, invités à revêtir de la miséricorde de Dieu : « Soyez miséricordieux, comme votre Père Céleste est miséricordieux » (Lc 6, 35), car « Heureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde (Mt 5, 7). Est miséricordieux, celui qui a un cœur sensible et attentif à la misère et souffrance de ses semblables : celui qui donne à manger à celui qui a faim, à boire à celui qui a soif, à vêtir celui qui est nu, à accueillir l’étranger, à assister les malades, à visiter les prisonniers (Cf. Mt 25, 35-36), à conseiller ceux qui sont dans le doute, à enseigner les ignorants, à avertir les pécheurs, à consoler les affligés, à pardonner les offenses etc. Ainsi dans sa propriété de la miséricorde, L’Eucharistie est PARTAGE ET VIE, c’est le pain du partage : « Prenez et mangez ». Elle nous apprend à partager (avec le misérable) : partager le Christ avec les autres. Je deviens ce que je reçois : c’est à-dire Je deviens Eucharistie pour les autres.
L’EUCHARISTIE EST LA NOURRITURE QUI NOUS RAPPELLE NOTRE HISTOIRE AVEC DIEU
Oui tout homme est une histoire sacrée pour Dieu. Et Dieu ne cesse d’intervenir dans notre histoire. Et notre histoire avec Dieu est une histoire du salut, de libération : Comme la paque Juive dans l’ancien Testament (Ex 12, 1-20), l’Eucharistie est le mémorial de la paques chrétienne (Mt 26, 26), le sacrement de la nouvelle et éternelle alliance. Par l’Eucharistie, Dieu se fait présent dans notre histoire. Il me rejoint dans ma réalité et situation misérable de la vie. Il palpe mes « 3 F » : la Fragilité, la Faiblesse et la Finitude de ma chair humaine. Et le contexte de la création de l’Eucharistie, en est une parfaite illustration, qui nous montre combien l’eucharistie est un repas approprié pour notre humanité, le repas dont nous avons besoin pour être GUERI, LIBÉRÉ et TRANSFORMÉ. C’est dans un contexte entouré :
1. De Tentations (Mc 14, 32-42) : ou l’homme est incapable de veiller ou de passer 1h avec Dieu.
2. De Trahison et de cupidité des richesses de ce monde (Lc 22, 3-6. 47-48 ; Mt 26, 14-16).
3. De Violence et d’égoïsme (Jn 18, 10 ; Lc 22, 49-50)
4. De Reniement (Mt 26, 70-74 ; Lc 22, 31-34. 54-62 ; Jn 13, 36-38).
5. D’abandon et dispersion (Mt 26, 31.56b ; Jn 16, 32).
Que le Seigneur crée l’Eucharistie, se donne et s’offre, en réponse à une humanité blessé par le péché pour en faire de nous des créatures nouvelles, restaurer et renouveler nos vies. Il est vraiment l’Emmanuel dans notre histoire. Il n’est pas indifférent, insensible à mon histoire, au contraire il la transforme à une source de bien. Ainsi l’Eucharistie devient un MÉMORIAL de la mort et de la résurrection du Christ – « Faites ainsi en mémoire de moi » –, qui nous rappelle sans cesse l’action salvifique de Dieu dans notre histoire, sa présence perpétuelle dans son Eglise et dans le Monde.
L’EUCHARISTIE EST LA NOURRITURE A AIMER ET A DESIRER
Elle est un repas de la fête, un banquet céleste, le pain vivant descendu du ciel (Jn 6, 50-51) … Il n’y a que de la JOIE d’y prendre part. Comme le chante le Psalmiste : « Quelle Joie quand on m’a dit : nous irons à la maison du Seigneur » (Ps 122, 1). Oui, « Heureux sommes nous les invités au repas du Seigneur », nous le dit le Prêtre dans la messe. C’est avec joie que nous prenons part à ce banquet qui unit l’Eglise Triomphante (Eglise céleste) à l’Eglise militante (Eglise terrestre) : car « Heureux celui qui aura part au banquet dans le royaume de Dieu » (Lc 14, 15), et l’Eucharistie en est déjà un avant-gout, un festin qui réunit les Anges, les Saints et les Hommes. Nous sommes les bienheureux d’être compté parmi les invités du Seigneur… ma joie est de répondre présent avec empressement et enthousiasme à cette invitation. « Être un invité de Dieu, dans le festin qu’il organise, est un privilège et honneur pour l’homme, qui ne peut pas se sauver de lui-même. Donc, Je ne peux jamais m’y absenter, ni trouver des excuses » (Cf. Lc 14, 16-24).
Qui aime Dieu, aimera l’avoir toujours en lui, et l’eucharistie c’est recevoir Dieu lui-même qui se donne en nourriture : « C’est mon corps, prenez et mangez. C’est mon sang, prenez et buvez » (Cf. Mt 26, 26-28). Comment n’est pas aimer et désirer un tel repas ? Ce qu’on aime on le désire toujours plus, et on meurt d’envie de le recevoir encore et toujours. En plus, c’est UN REPAS GRATUIT, que tu ne payes rien, mais pourtant tu reçois ce qui est plus Grand, ce qui ne se perd jamais : LA VIE MEME DE DIEU : « …Le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour le salut du monde » (Cf. Jn 6, 51).
CONCLUSION
L'eucharistie est donc l'action et la présence d'un Dieu qui porte en lui la passion de l'homme et de sa vie. Elle est la naissance du Christ au cœur de l'homme et au cœur de l'univers avec la volonté de sauver cet homme. Elle est présence du Christ au drame de l’histoire humaine :
· Tout ce qu'il y a d'échec dans nos vies en vue d'un monde plus juste et plus humain, est transfiguré‚ dans le geste de la consécration du pain et du vin, au corps et au sang du Christ.
· Tout ce qu'il y a de refus, de péché ou d'égoïsme dans la démarche de l'homme est brûlé au feu de l'Esprit.
Ainsi, tout dans la célébration eucharistique est expression d'un Dieu saint-amour-miséricorde qui n’a qu’une seule volonté de nous sauver. Sur ce, l’Eucharistie est donc l'aujourd'hui du Christ qui libère, ressuscite, guéri, et transforme.